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Business Intelligence

Comment bien choisir ses KPI ? L'exemple concret d'un dashboard financier pour PME

Siméon Beauchemin
July 31, 2025

I. Les bases d’un pilotage par la performance

En tant que dirigeant, vous êtes probablement submergé de chiffres (un peu comme Homer lors de ses shifts à la centrale nucléaire). Les données de votre CRM, rapports de votre ERP, statistiques de Google Analytics... Vous avez l'impression d'être noyé sous les données, mais en même temps, vous avez besoin d'une vision claire pour prendre les bonnes décisions.

Cette situation est normale. Le problème n'est pas le manque d'informations, mais de savoir lesquelles sont réellement importantes. C'est précisément le rôle des KPI.

a. Qu’est-ce qu’un KPI  ?

Un KPI, ou indicateur clé de performance, est bien plus qu'une simple métrique. C'est une mesure quantifiable directement liée à un de vos indicateurs stratégiques.

Pour l'illustrer, utilisons une analogie simple : le tableau de bord de votre voiture.

Il affiche des dizaines d'informations (le kilométrage total, la température extérieure, la station de radio, le volume de cette dernière..). Ce sont des métriques. Mais pour arriver à destination (votre objectif), vous ne pilotez qu'à l'aide de quelques indicateurs clés : la vitesse et le niveau de carburant, par exemple. Ce sont les KPI de votre véhicule.

Un KPI est donc une information vitale qui vous informe sur l'efficacité de vos actions par rapport à votre objectif.

b. Pourquoi le KPI est important pour votre activité ?

Définir les bons KPI est la première étape pour passer d'un pilotage à l’aveugle à une gestion basée sur des faits. Pour un dirigeant, c'est un changement qui a des impacts concrets :

  • Objectiver les décisions : Les KPI fournissent une base factuelle et partagée pour avancer.
  • Aligner les équipes : En fixant des objectifs clairs et mesurables, vous donnez à chacun une direction commune. Chacun sait ce qui est attendu et comment sa contribution participe au succès global.
  • Focaliser les efforts : Les ressources ne sont pas infinies. Les KPI mettent en avant ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, vous permettant de concentrer votre temps et votre budget là où l'impact est le plus fort.
  • Gagner en réactivité : Un bon suivi des KPI agit comme un système d'alerte précoce. Il vous permet de détecter un problème bien avant que ce dernier ne devienne critique.

c. Ce que vous allez découvrir dans cet article

Maintenant que les bases sont posées, passons à la pratique. Le but de cet article est de vous donner des outils concrets pour ne plus jamais choisir vos indicateurs au hasard.

Voici ce que nous allons voir ensemble :

Une méthode simple et universelle pour apprendre comment choisir ses KPI. Une approche logique qui vous garantit de sélectionner des indicateurs réellement utiles pour votre business.

Une application concrète et détaillée avec l'exemple le plus parlant pour un dirigeant : la construction d'un tableau de bord financier.

II. Choisir ses KPI : La méthode pour un pilotage stratégique efficace

a. Quelles questions se poser en premier ?

C'est l'erreur la plus commune : construire des indicateurs en se basant sur les données facilement accessibles, plutôt que sur les questions stratégiques que l'on se pose. La technologie BI moderne permet de se connecter à presque n'importe quelle source ; la question n'est donc plus "quelles données ai-je ?" mais "de quelles informations ai-je besoin ?".

La règle d'or est simple et doit guider toute votre réflexion : Objectif → Question → KPI.

En partant de l'objectif, vous vous assurez que chaque indicateur sur votre tableau de bord aura une finalité et servira directement votre stratégie.

b. Comment sélectionner des indicateurs pertinents et actionnables

Un bon KPI doit provoquer une action ou une décision. Pour trier les "métriques creuses" des véritables indicateurs de performance, posez-vous cette question simple pour chaque KPI envisagé : "Et alors ?"

Si la réponse à cette question est "euh, je ne sais pas trop..." ou "c'est intéressant, mais je ne sais pas quoi en faire", alors ce n'est probablement pas un bon KPI pour vous.

Prenons l’exemple d’un sportif :

  • Exemple de KPI "creux" : Le nombre d’heures passées à la salle de sport
    • Et alors ? Est-ce bien ? Est-ce mal ? Faut-il faire quelque chose ? L'information seule ne mène à aucune information claire : on peut très bien passer 5h productives à la salle de sport, mais si c’est pour parler pendant 3h avec votre gym-bro et prendre 7 photos pour vos stories Instagram, alors le nombre d’heures n’est pas un bon indicateur de vos performances.
  • Exemple de KPI actionnable : L’évolution de la charge sur un exercice
    • Et alors ? Si votre objectif est de réussir un développé-couché de 80kg d’ici l’été, alors cette information a son importance : une stagnation ou une regression sont alors un signe qu’il faut changer de programme d’entraînement, et une progression est le signe que ce que vous faites va vous permettre d’atteindre votre objectif.

L’exemple du sportif est un exemple parmi tant d’autres, et cette logique peut être appliquée à n’importe quel autre domaine. Votre sélection de KPI doit se concentrer exclusivement sur des indicateurs qui vous poussent à agir.

c. Comment transformer l'indicateur en outil de décision ?

Un chiffre, même actionnable, reste insuffisant s'il est présenté de manière isolée. Pour devenir un véritable outil de pilotage, un KPI doit être mis en contexte. Ce contexte est généralement apporté par trois éléments :

  1. Une cible : Quel est l'objectif à atteindre ?
  2. Des seuils : À partir de quel niveau la situation devient-elle critique ou excellente ?
  3. Une tendance : Quelle est l'évolution dans le temps ? S'améliore-t-on ou se dégrade-t-on ?

Reprenons l'exemple de la rentabilité. Un chiffre "Taux de marge brute : 27%" est une information brute.

Maintenant, visualisons ce même KPI  :

Vous voyez immédiatement que votre taux de 27% est en dessous de votre objectif de 29% (la cible) et que la tendance sur les 6 derniers mois est à la baisse. L'information devient une alerte visuelle qui pousse à l'analyse et à la décision. C'est tout le pouvoir d'une dataviz d’entreprise efficace : transformer la donnée en dialogue avec votre stratégie.

III. De la théorie à la pratique : L'exemple du dashboard financier

La théorie, c'est bien. La pratique, c'est mieux. Appliquons maintenant notre méthode en 3 étapes au sujet qui vous préoccupe le plus en tant que dirigeant : la santé financière de votre entreprise.

L'objectif est de créer un tableau de bord financier qui ne soit pas une simple compilation de chiffres, mais un véritable cockpit pour le pilotage de votre activité.

Exemple de dashboard de pilotage financier

a. Les fondations du dashboard : Définir les objectifs financiers clés

Avant de lister des dizaines d'indicateurs, posons-nous la bonne question : quels sont les grands objectifs stratégiques liés à la finance d'une PME ? En général, ils tournent autour de trois piliers fondamentaux :

  1. La rentabilité : La question simple est "Est-ce que mon activité gagne de l'argent ?". C'est le moteur de votre entreprise.
  2. La liquidité : "Ai-je assez de trésorerie pour payer mes factures, mes salaires et mes charges à court terme ?". C'est le carburant qui fait tourner le moteur au quotidien.
  3. La solvabilité : "Mon entreprise est-elle assez solide pour faire face à ses dettes à long terme et rassurer mes partenaires (banques, investisseurs) ?". C'est la robustesse du véhicule.

Chaque KPI que nous choisirons devra répondre à l'un de ces trois objectifs.

b. Sélectionner les indicateurs de performance financière

Maintenant que nos objectifs sont clairs, sélectionnons des indicateurs actionnables (qui passent le test du "Et alors ?"). Voici une sélection de 8 KPI essentiels qui constituent une excellente base pour la plupart des PME.

Pour mesurer la RENTABILITÉ :

  • La marge brute : Vous indique la rentabilité de votre cœur de métier, avant la prise en compte des charges de structure. Question : "Combien me reste-t-il après avoir payé ce que je vends ?"
  • L'EBITDA (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation, and Amortization) : Mesure la performance opérationnelle pure de votre entreprise, sans l'impact des politiques d'investissement ou de financement. Question : "Mon cycle d'exploitation génère-t-il un excédent ?"
  • Le résultat net : C'est le bénéfice final. Question : "Que reste-t-il à la fin, une fois que tout est payé ?"

Pour mesurer la LIQUIDITÉ :

  • Le Besoin en Fonds de Roulement (BFR) : Représente le décalage de trésorerie entre vos dépenses et vos recettes. Question : "De combien d'argent ai-je besoin pour financer mon cycle d'exploitation ?"
  • Le DSO (Délai moyen de paiement clients) : Le nombre de jours moyen que mettent vos clients à vous payer. Question : "À quelle vitesse mon chiffre d'affaires se transforme-t-il en trésorerie ?"
  • Le DPO (Délai moyen de paiement fournisseurs) : Le nombre de jours moyen que vous mettez à payer vos fournisseurs. Question : "Comment puis-je optimiser mes sorties de trésorerie ?"

Pour mesurer la SOLVABILITÉ :

  • Le ratio d'endettement net : Compare vos dettes financières à vos capitaux propres. Question : "L'entreprise est-elle trop endettée par rapport à ses fonds propres ?"
  • La capacité de remboursement : Mesure le nombre d'années qu'il faudrait à l'entreprise pour rembourser ses dettes avec sa performance opérationnelle. Question : "En combien de temps puis-je rembourser mes dettes ?"

Bien sûr, cette liste est un point de départ et n’est pas exhaustive. La pertinence de la BI finance est sa capacité d’adaptation et de personnalisation des indicateurs selon votre secteur et vos enjeux propres.

c. Transformer les chiffres en leviers de décision

La dernière étape consiste à donner vie à ces chiffres. Un dashboard financier efficace utilise la visualisation pour apporter du contexte (cible, seuil, tendance) et permettre une lecture rapide.

Voici quelques exemples de bonnes pratiques visuelles :

  • Pour le résultat net :  une jauge avec un code couleur simple (vert/orange/rouge) et une ligne verticale représentant l'objectif. Vous savez en un coup d'œil où vous vous situez.
  • Pour la marge par produit : Un graphique en barres classées de la plus grande à la plus petite marge permet d'identifier immédiatement vos produits "stars" et ceux qui pèsent sur votre rentabilité.
  • Pour le DSO ou le BFR : Une courbe d'évolution sur 12 ou 24 mois est idéale. Elle vous montre la tendance de fond : votre situation s'améliore-t-elle ou se dégrade-t-elle ?

L'objectif final est de passer d'un rapport financier statique à un véritable outil de dialogue interactif qui vous alerte sur les risques et vous montre les opportunités.

Conclusion : Vos KPI sont votre cockpit, pas votre rétroviseur

Au fond, bien choisir ses indicateurs clés de performance est assez simple. Il suffit de suivre une méthode rigoureuse : partir de vos objectifs stratégiques, sélectionner des indicateurs qui poussent à l'action, et les visualiser avec le bon contexte pour prendre des décisions éclairées.

En appliquant cette démarche, vous transformez vos données. D'un flot complexe, elles deviennent un véritable cockpit de pilotage, vous alertant sur les risques et vous indiquant les opportunités. Vous ne passez plus votre temps à regarder dans le rétroviseur pour analyser le passé : vous regardez droit devant pour construire l'avenir de votre entreprise.

Vous sentez que le pilotage par la donnée est la bonne approche, mais vous ne savez pas par où commencer ? Choisir le bon outil BI et mettre en place un reporting automatisé peut sembler complexe.

L'équipe de Flowt vous propose un diagnostic data pour évaluer votre maturité BI et identifier avec vous les quelques indicateurs qui comptent vraiment pour votre croissance.

N’hésitez pas à nous contacter pour planifier un premier échange et construire ensemble les dashboards que votre entreprise mérite.

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Références bibliographiques

Marr, B. « Key Performance Indicators (KPI): The 75+ Measures Every Manager Needs To Know », 2012. Disponible sur : https://bernardmarr.com/key-performance-indicators-metrics/

Parmenter, D. « Key Performance Indicators: Developing, Implementing, and Using Winning KPIs » (4ème édition), 2020. Disponible sur : https://www.barnesandnoble.com/w/key-performance-indicators-david-parmenter/1131143896

Schrage, M., & Kiron, D. « Leading With Next-Generation Key Performance Indicators », MIT Sloan Management Review, 26 juin 2018. Disponible sur : https://sloanreview.mit.edu/projects/leading-with-next-generation-key-performance-indicators/

Schrage, M. « Rethinking Performance Management for Post-Pandemic Success », MIT Sloan Management Review, 1er juin 2020. Disponible sur : https://sloanreview.mit.edu/article/rethinking-performance-management-for-post-pandemic-success/

Itamar Gilad. « Stop Setting Useless Goals », Harvard Business Review, 15 août 2023. Disponible sur : https://hbr.org/2023/08/stop-setting-useless-goals

McKinsey & Company. « The data-driven enterprise of 2025 », 28 janvier 2022. Disponible sur : https://www.mckinsey.com/capabilities/quantumblack/our-insights/the-data-driven-enterprise-of-2025

Boston Consulting Group (BCG). « A Purpose-Driven Approach to Performance Management », 22 juillet 2021. Disponible sur : https://www.bcg.com/publications/2021/purpose-driven-approach-to-performance-management